L'éducation à la sexualité au collège, comment ça ce passe ?!

Publié le 13 février 2025 à 21:25

⚡ Interview avec Tiffany Bernard, professeur d'anglais

Nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec une professeur d’anglais🎓 d’un collège de Vaulx-en-Velin.

 

💬 APEI : Pouvez-vous vous présenter ?

 

💬Tiffany Bernard : Je suis Tiffany Bernard, professeur d’anglais depuis 12ans à l’éducation nationale.
J’exerce actuellement dans un collège de Vaulx-en-Velin. Je quitte mes fonctions au mois de Janvier car tous m’a poussé à la porte. Je suis déléguée enseignant et référente éducation sexuelle.


💬APEI :Nous voudrions aborder avec vous le sujet de l’éducation à la sexualité. Nous savons que les professeurs doivent être formés, comment se passe la formation ?


💬Tiffany Bernard : Déjà on fait tous ce qui est légal, ensuite on établit un programme selon l’âge des élèves etc. On nous met en situation, on nous dit comment il faut faire, quelle attitude adopter etc. et de quoi il faut parler et de quelle façon est-ce qu’on aborde le sujet.

Pour les 6ème, on va leur parler de la puberté et des réseaux sociaux

Est-ce que c’est normal que tu ais des poils ? Oui 

Est-ce normal que tu transpires ? Oui 

Tous ce qui leur arrive à la puberté.

Alors certes, on peut mentionner ce qu’il se passe dans le corps des filles donc les règles.🩸🩸

Ce qui se passe dans le corps des garçons parce qu’après y’a beaucoup de garçons mais ils n’osent pas le dire, qui se demandent pourquoi ils ont des érections le matin et en fait on part du principe qu’il faut qu’ils soient au courant.

Après attention il y a des façons de faire. J’avais des 6ème, au début moi même, je me suis dis « bon ok avec des 6ème, ces mots là etc, comment je vais aborder ce sujet » et finalement je l’ai tourné sous forme de jeux pour lever les tabous, finalement ils voulaient bien essayer de décrire. Je me suis dit bon très bien. Les filles et les garçons étaient là au début à faire des [imite le bruit de quelqu’un qui exprime du dégoût, comme si il allait vomir], puis finalement ça a dédramatisé le turc.

 

Pour les 3ème: par exemple je suis entrain d’intervenir avec les troisièmes, c’est tout ce qui est grossesse, IVG, en fait c’est de l’information.🤰

Il y a des garçons qui ne savent pas du tout et des filles qui ne savent pas du tout non plus et il y a aussi pleins d’élèves qui connaissent déjà.

En fait on se rend compte que 80 % des élèves de CM2 sont déjà tombés sur des images pornographiques et en fait les réseaux sociaux sont pleins de filles nues et on se dit bon est-ce qu’on ferait pas mieux de leur expliquer ce qui se passe plutôt que d’y mettre un peu sous le tapis.

Il y a des parents qui n’expliqueront jamais à leur enfant les choses et les enfants qui n'oseront jamais demander donc on se dit voila il faut les informer de ce qui se passe dans leur corps, de ce qu'il peut se passer dans la société.

Pour les 5ème : on a le cursus relationnel, en gros on leur parle de différentes situations. 

C’est un peu le « VIOLENTOMETRE ». C’est leur parler de quand une relation est saine, quand il faut être vigilant, quand la relation est violente ou quand ils sont en danger. Cela peut être aussi bien dans le cadre amical que amoureux.
Ex : ma meilleure amie ne veut pas que je fréquente d’autres amis où suis-je ? Dans une relation saine ? Violente ?
mon copain menace de me quitter si je n’ai pas de relation avec lui où suis-je ?

Pour les 4ème: là ça fait beaucoup réagir les parents ! on traite la pornographie⛔, l'orientation 🧑‍🤝‍🧑et l'identité sexuelle, le désir/plaisir.

On répond à leurs questions tout en respectant leur opinion, mais tous ça existe dans la société, il faut qu’ils le sachent. Et par exemple l’homophobie est punie par la loi.

Nous on essaye que ça ne soit pas le professeur qui ait la classe qui fasse les interventions. Déjà, on
a pas le droit d’être tout seul, c’est forcément une personne formée avec un autre adulte.


💬APEI : Comment est déterminé cet adulte ?


💬Tiffany Bernard : Soit un personnel de l’établissement soit souvent les infirmières👩‍⚕️ qui sont formées. Nous on avait des CPE qui étaient intéressées donc on a mis des CPE   👮‍♂️, ça peut être aussi un professeur. Soit on juge que le professeur 👨‍🏫qui a la classe à ce moment là peut-être présent si on pense que les élèves seront assez bien pour oser parler devant leur professeur qu’ils ont en classe, soit on prend des AED ou un personnel libre👨‍🌾 qui n’a pas la classe. Ça dépend du sujet.


💬APEI : Cela se passe dans quel cours ? N’importe lequel ?


💬Tiffany Bernard : Oui n’importe lequel, là où y’a du temps. On leur explique que aujourd’hui je vous fais 1 heure, vous pouvez vous exprimer, je ne suis plus madame ou monsieur machin, je ne suis plus votre professeur le temps de cette intervention.


💬APEI : Est-ce programmé à l’avance et communiqué ?


💬Tiffany Bernard : Bien sûr ! Sur PRONOTE c’est marqué « intervention santé » et après dès qu’on en fait une évidemment ça se sait, ça fait du bruit et quand les élèves ont une intervention santé, ils savent qu’ils vont aller faire le truc éducation à la sexualité.


💬APEI : Y’a t’il des périodes prédéterminées ?


💬Tiffany Bernard : Non, mais il doivent être prévus sur un planning à l’avance📅. c’est selon l’organisation du collège.


💬APEI : pour revenir au programme des 4ème, leur posez-vous des questions, du genre : qui dans la classe a déjà vu des films pornographique ? Comment amenez-vous le sujet ?


💬Tiffany Bernard : Pour la pornographie, déjà il y a des systèmes d’animation. Soit ça va être des affirmations : Qui est d’accord, Qui n’est pas d’accord . Soit ça va être des mises en situation soit ça va être des pubs...

Par exemple pour les 3ième on leur a soulevé des affirmations et avec des petits cartons ils répondaient : je suis d’accord ou je ne suis pas d’accord ou je ne sais pas.
Est-ce que mon copain ou ma copine a le droit de contrôler ma tenue ? D’accord, pas d’accord, je ne sais pas et après on en parle.
Qui veut s’exprimer ? des fois yen a pas donc on lance la discussion petit à petit sur le sujet et après en général la parole des élèves au bout d’un moment se libère, les langues se délient parce que finalement ils disent « tiens ça m’intéresse ».
pour la pornographie ce sera par exemple, est-ce que ça vous est déjà arrivé de voir des photos sur internet ou sur les réseaux que vous n’auriez pas voulu voir ?🌍 📝


💬APEI : en 3ième à Gérard Philipe,👧 Nos filles sont emmenées dans un centre d’éducation sexuelle, le CES (anciennement planning familial). Selon des témoignages, l’an passé, on a dit aux filles, dans le CES, qu’elle ne devaient pas écouter leurs parents, que si elles ne voulaient pas d’enfants c’était leur choix et qu’elles pouvaient, par exemple, prendre au CES la pilule contraceptive gratuitement sans le consentement de leur parent.


👦Les garçons restent au collège accompagnés d’un professeur référent entre autre. Les thématiques abordées incluraient la puberté, le consentement et la connaissance de son corps mais les séances sont différentes des vôtres et reposent sur une boite à questions anonymes ce qui ne peut pas garantir un cadre et un contenu précis.

 

💬Tiffany Bernard : Chez nous en 3ème on divise la classe en deux et on fait deux groupes mixtes.

L’organisation est à la discrétion des référents. Nous trouvons cela intéressant qu’ils profitent des réponses des uns et des autres. Le centre d’éducation sexuelle chez nous n’a pas les fonds nécessaire pour assurer ces séances.
Il faut savoir que l’éducation sexuelle coûte beaucoup d’argent !


💬APEI : Lors de notre dernier conseil d’administration, on nous a appris qu’une convention a été signée avec une trentaine d’étudiants en médecine pour parler notamment de contraception avec les classes de 3ème SEGPA et professionnelle. Lorsque nous avons évoqué la différence de maturité et de sensibilité des enfants sur le sujet, on nous a répondu que l’enfant a l’obligation d’écouter même sans son consentement. Nous avons trouvé cela contradictoire.
De plus, on nous a informé du fait que si l’enfant désire un peu plus en parler en privé avec le professeur c’est possible sans même en avertir les parents. Vous confirmez ?


💬Tiffany Bernard : Oui tout a fait. Nous leur disons que s’ils ont des questions, de venir nous voir et
de ne pas rester avec leur questionnement ou bien d’aller voir l’infirmière ou un autre professeur
référent.


💬APEI : Merci. (fin)

 

Pour information, l’APEI a récemment proposé lors du CESCE, qu’au moins deux parents puissent être témoins des séances d’éducation à la sexualité pour garantir une certaine transparence. Cette proposition a été catégoriquement refusée🔒, or cette mesure existe déjà dans d'autres établissements scolaires.

Nous avons également eu l’occasion d’évoquer le recrutement des professeurs et le PACTE
enseignant "dont les parents ne connaissent pas les termes" avec Mme Tiffany Bernard.

A découvrir lors d’un prochain article !📝

📘 À suivre...

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Commentaires

Moon
il y a 2 mois

Super! Très intéressant! Merci beaucoup, hâte de lire la suite.
Ça fait du bien de se sentir soutenu sur ce sujet par l'association parents d'élèves.

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